Intervention de
Patrick Ardoin au titre de la Motion 4 lors du BN du 29 janvier 2013 qui s'est tenu en présence du Premier Ministre.
Adresse à l’attention du Premier ministre
Cher camarade,
Tout d’abord je veux te saluer et te remercier pour ta présence et ton intervention à ce bureau national. Nous apprécions cette démarche. Nous sommes fiers de voir les valeurs de gauche, de justice sociale portées par ton gouvernement après 10 années d’une droite qui a laminé notre pays.
Sur le plan économique, les difficultés que rencontre notre pays sont grandes. Les marchés financiers sont puissants. Cet état de fait nous impose une politique budgétaire sérieuse. Notre engagement militaire au Mali, que nous soutenons totalement, souligne encore davantage l’obligation de diriger le pays avec sagesse et un grand sens des responsabilités.
Mais nous voulons te faire part ici d’une immense inquiétude : le niveau de chômage de masse dans notre pays. Aujourd’hui plus de 4 millions de personnes au moins, si l’on prend en compte tous les cas de figure, sont sans emplois. Si cette situation était arrivée en un ou deux ans, ce serait notre seule et unique « cause nationale », malheureusement sa montée progressive et pernicieuse nous accoutume à son existence chronique. A ce mal endémique, il faut y ajouter plus de 10 millions de personnes qui vivent dans une précarité terrible.
Casser ce chômage de masse doit être notre « Enjeu national ». Les accords interprofessionnels récemment passés ont leur mérite et des points positifs y sont à saluer à la fois sur le fond et sur la méthode suivie. Mais ces accords ne traitent pas des personnes sans emploi et traitent peu de la précarité. Un point de ces accords nous fait par ailleurs très peur par rapport au chômage de masse. C’est la mesure retenue sous couvert du dispositif de maintien dans l’emploi : L’homologation administrative des PSE. Nous connaissons tous des grandes entreprises qui estiment leur sureffectif actuel à au moins 20 % et qui vont s’engouffrer dans cette brèche.
Et je vous dis clairement que ce mouvement est déjà en préparation. Et comment s’étonner de cette situation puisque la croissance est au mieux de 0,8 % avec une productivité qui avoisine 2 %. Comme le dit le Président de la République, tous les sujets sont sur la table :
1er sujet : La création d’emploi : La transition écologique, les nouvelles technologies (je pense aux nanotechnologies par exemple), le logement avec le grand plan d’isolation, l’agro-écologie, la formation professionnelle (je tiens ici à saluer tout ce qui est entrepris pour pérenniser l’Afpa), le lancement de 150 000 contrats d’entrepreneurs d’avenir pour compléter les 150 000 emplois d’avenir que le Président a initiés et qui pourraient par exemple se concentrer dans les localités sinistrées par le chômage de masse. Sur tous ces sujets, des sources d’emplois existent, il faut agir vite. De même, cette réflexion passe aussi par une politique de grands travaux européens en matière de ferroutage et de transport fluvial par exemple.
2e sujet : Comme les sous sont comptés, mobilisons davantage les énergies, les régions et les collectivités. La proximité, l’autonomie et la responsabilité territoriales sont autant de garanties de réussite. La création de la banque publique d’investissement est une très bonne nouvelle mais elle ne peut pas suffire à elle seule quels qu’en soient ses mérites. Concernant Pôle Emploi, j’aimerais savoir ce que vous comptez faire pour que cet organisme cesse de travailler dans des conditions exécrables qui conduisent à une grande inefficacité ?
3e sujet : Le partage du travail : Soyons rationnels et pragmatiques en réfléchissant branche par branche, soyons pédagogiques en prenant les exemples d’entreprises en France et dans toute l’Europe qui marchent. Ils sont nombreux. Ce partage est une tendance historique inéluctable ; Le taux de productivité étant toujours supérieur à celui de la croissance. Mr le Premier Ministre, que comptez-vous faire sur ce sujet du partage du travail ?
4e sujet : Réfléchissons à une autre croissance et à d’autres rythmes de vie. Il me revient en mémoire le ministère du temps libre grâce à notre grand Président François Mitterrand. Un nouveau modèle de développement est à penser. Engageons-nous dans cette noble ambition.
Voilà, il y a sûrement bien d’autres pistes à trouver.
S’attaquer au chômage de masse est une urgence qu’il faut traiter comme telle. C’est politiquement le seul sujet sur lequel nous serons jugés par les français. Et vite jugés, à l’occasion des municipales.
Pour toutes ces raisons, pourquoi ne pas aussi organiser des Etats Généraux de l’Emploi et de l’Innovation, qui complèteraient utilement l’excellente initiative prise par notre Premier secrétaire avec les Ateliers du changement.